Après plus 3
mois d’absence sur la toile, nous revoilà pour vous raconter la suite de nos
aventures. Désolé pour le contre temps mais nous n'avons pas eu d'accès internet pendant notre périple (enfin si, mais il s'agissait d'une connexion clé 5k, pour ceux ceux qui se rappelle les connexions modem 56k, je vous laisse imaginer la lenteur de l'engin)
Nous avons
donc passé 2 mois dans une ferme perlière à Ahe dans les Tuamotu, un atoll au
bout du monde ou l’on vit en dehors du temps et du monde.
Voilà, le
22 février, le jour J était arrivé. Nous avions réservé notre périple de 4
jours sur un cargo pour rejoindre l’atoll de Ahe dans les Tuamotu. Le cargo
Maris Stella III nous attendait au port de Papeete, on ne pouvait plus reculer.
Arrivés à midi sur les lieux pour un départ prévu à 14h, on nous apprend que le
bateau ne partirait pas avant 17h, une après-midi entière à attendre et à
osciller entre euphorie et stress. Enfin, on fini par embarquer.
Nous quittons Tahiti et après seulement quelques minutes de navigation, elle nous parait soudainement minuscule, tel un gros caillou posé sur l'océan.
On croise
quelques membres de l’équipage qui nous lance un « Ia Orana »
(bonjour en tahitien) en nous regardant de coin. Vu la carrure des types on se
dit que ça sera mieux de faire amis amis avec eux au plus vite au risque de
finir par-dessus bord. On rate notre premier essai en s’incrustant dans les
cuisines et en s’installant dans un salon climatisé avec tv en pensant qu’il
s’agissait d’un lieu commun. La porte s’ouvre et le cuistot apparait :
- Qui
vous a donné l’autorisation d’être ici?
-Bah,
personne, on visite…
- Allez
ouste, foutez moi le camp d’ici, c’est privé!
On déguerpie
sans demander nos restes.
Second
essai : Le cuistot nous a à l’œil et nous demande notre billet
d’embarquement alors qu’on est en train de s’en griller une sur le pont et moi
de lui demander si on peut fumer à cet endroit.
-Mais vous
savez pas lire? Dit-il en pointant l’écriteau « Ne pas fumer, danger,
réserve d’essence »
Oups encore
raté!
On monte
notre tente sur le pont, une idée ingénieuse (ou parfois ca nous arrive ;) pour
être à l’abri de la pluie et payer le trajet aux prix minimum c'est-à-dire 8000
francs par personne (env 65 euros) contre le double pour les nuits en
couchette.
Alors qu’on essaye de se faire tout petit dans notre tente, un
« A la bouffe! » retenti.
Cela fait
une bonne heure que nous avons quitté le port et je constate que se déplacer
sur le cargo va être problématique. On escalade des échelles, passons par des
endroits étroits plein de cambouis, tentons d’éviter une multitudes
d’obstacles, le tout en marchant comme si on venait de s’enquiller un demi
litre de rhum.
Le cargo transporte de tout dont des bateaux et des voitures |
On découvre un monde inconnu, le navire, l’océan à perte de vue,
….
Le repas a
lieu à l’arrière du bateau ou on découvre une guitoune, on tend sa gamelle que
le cuistot rempli à ras bord. A notre grand étonnement le repas est
succulent : poisson cru lait de coco, bœuf bourguignon, riz, légumes.
petit moment de tranquillité pour digérer |
Les
marins sont quelque peu intrigués par notre présence à bord, une bonne occasion
pour discuter avec eux et faire connaissance. Retour à la tente, j’ai mon
estomac qui fait des saltos, je regrette déjà d’avoir avalé ma portion de
marins. Par moment ça tangue pas pour rigoler, il faut se cramponner et le
mieux encore est de s’allonger et de se laisser bercer par les vagues. Je me
réveille au milieu de la nuit, un ciel immense expose ses étoiles magnifiques
au dessus d’une mer bleu gris désespérément vide tandis que le reflet de la
lune sur les vagues a quelque chose de fascinant et de terrifiant à la fois. On
cherche nos points de repère, la grande et la petite ours ainsi que l’étoile
polaire ont disparus du ciel. L’étoile du sud et le scorpion sont nos nouvelles
références. Nous ne sommes pas seuls sur le pont, d’autres travailleurs sont
là, ils dorment profondément sur leur nattes, surement habitués au bruit
assourdissant du moteurs et aux remouds. J’ai du mal à trouver le sommeil. J’enfile
mes boules quies , j’essaye de relaxer, il est 2h, je finis par trouver le
sommeil.
5h du
matin : « Cafééééé! debout la dedans! »
Le voyage
prend des airs de stage à la marine nationale. Je tente une douche, pour la
propreté il faudra repasser, quant aux odeurs, elles ont tendances à faire
remonter le ptit dej.
Après 21 h
de bateau, terre en vue! Enfin un bout de terre, youpi on va pouvoir poser le
pied sur le sol. Il s’agit de l’île de Mataiva.
On nous appelle sur le devant
du bateau, on obéit sans bien comprendre ou on va et ce qu’on doit faire.
« Accrochez vous, ca va secouez »
Une grue
soulève la plateforme sur laquelle nous étions montés, nous balance de droite à
gauche pour nous déposer sur la mer.
Les gars de l’équipage sont pliés de rire
en me voyant cramponnée aux rambardes alors que eux galopent comme des cabris
sur la barge en lévitation.
Certaines îles des Tuamotu sont dépourvues de port,
le déchargement et le chargement des marchandises ne peuvent s’effectuer
uniquement par des barges. Les îles et les atolls des Tuamotu dépendent
principalement des bateaux pour tous les besoins de la vie quotidienne
(exception faite pour le poisson et les cocos qui foisonnent). Nous abandonnons
pour quelques heures notre cargo resté en mer profonde, et filons découvrir
cette jolie île.
Les Puamotu (c’est comme ca qu’on appelle les habitants des
Tuamotu) papotent entre eux, se pressent pour récupérer leur victuailles et
ronchonnent pour les commandes manquantes.
On profite
de ce joyeux brouhaha pour se balader un peu et découvrir des paysages à couper
le souffle.
On discute avec des gamins qui s’extasie devant mon ptit pentax
mais surtout tout contents de voir des nouvelles têtes qui nous mitraillent de
questions sur la France.
16h, nous voilà repartis, direction Rangiroa.
Le diner
est toujours aussi délicieux, le cuistot, Patrick, nous taquine et chambre les
autres matelots.
A l’arrière du bateau on constate 2 gros fils de chaque côté
qui servent à pêcher le poisson. Et ce soir là bingo! Le matelot tire le fils
(qui s’apparente à du gros cordage) à la main et remonte un petit macro. Bon d'accord c'est sûr que le cuisto ne compte pas sur la pêche à la traine pour faire manger l'équipage mais mélangé à un "délicieux" fafaru, ça devrait passer. Quoique ce met est délicat pour les papilles car le fafaru n'est rien d'autre que du poisson cru macéré dans de l'eau de mer parfois pendant de longues heures jusqu'à ce que le poisson se décompose, offrant aux papilles et au nez une odeur de pourriture. Moi, j'ai mangé mais olive s'est égosillé :)
19h, il
fait nuit, la mer est juste en dessous de nous et nous tolère. Le cargo est un
intermédiaire entre elle et nous. La houle nous berce alors qu’un vent chaud
frappe inlassablement la toile de la tente. On se sent tout petits, comme des
nouveaux nés dans un berceau métallique qui flotte sur l’océan.
Nous
arrivons à Rangiroa à 22h, on ronfle comme des petits marcassins. En se réveillant au petit
matin, on est subjugué par la beauté des lieux.
On chausse les tongs et on se
dépêche de partir à la découverte de l’île.
Jamais nous n’avions vu de telles
plages de sable blanc totalement désertes.
On se
ballade aux alentours de l’hôtel Kia Ora quasiment vide et on se balance dans un
hamac, les doigts de pied en éventail en s’émerveillant du spectacle qui
s’offre à nos yeux.
Une
baignade lascive dans les eux turquoises et on reprend notre chemin.
On croise
une vieille dame qui nous dit que les marins nous cherche partout et qu’ils
sont sur le départ . « Faut vous dépêchez si vous voulez pas rester coincer
ici, ces gars là ils vous attendront pas » Il est 13h et on était censé
repartir à 14h…on commence à comprendre que les horaires et Maris Stella ca fait
deux. Ca n’est pas pour rien que dans les Tuamotu, on le surnomme le bateau
fantôme. Changeant constamment de trajectoires et d’horaires, le bateau vogue à
sa guise et surtout ils n’hésitent pas à planter les voyageurs, car il s’agit
d’une compagnie privée qui prend des passagers uniquement selon son bon gré.
On quitte
cette sublime île avec regret en se promettant d’y revenir un jour avec en
toile de fond, un envoutant ballet de dauphins qui saluent le départ du bateau,
un rituel inchangé depuis des décennies selon les dires des marins.
Pour notre
dernier repas à bord, nous avons droit à un délicieux carpaccio de thon rouge,
pêché le jour même.
On nous
apprend que nous arriverons à destination au petit matin. Sur le moment on se
réjouit d’arriver car on commençait à saturer du confort ultra sommaire, des
odeurs, du tangage et de la promiscuité même si on commençait a s’habituer a
cette vie de vagabond.
A peine repartis, tout le monde ronque déjà :) |
3h du
mat : « Hey les collègues! Vite vite on est arrivés, faut
débarquer! »
Arggg c’est
le cuistot qui prend sa revanche! C’est donc la tronche enfariné et en dansant
le tango tangage qu’on démonte la tente dans la nuit et on rattroupe nos
affaires. 20 mn après nous voilà de nouveau dans les airs agrippés à la
barge.
C’était
parti pour 2 heures de chargements, 2h interminables en plein de milieu de
l’atoll, à nous demander ou est-ce qu’on allait atterrir, ce qu’on foutait là
en fait!
5h30, nous
posons notre premier pied sur un des motus qui constitue l’atoll de Ahe, 280
habitants, 8km sur 20. La ferme perlière dans laquelle on nous a déposés n’est
pas celle qui doit nous accueillir.
J’attends une petite heure avant de passer un
coup de fil à notre futur employeur. Sans succès. On observe les fermiers qui
courent dans tous les sens sous une canicule… et je commence à réaliser que notre
séjour n’aura visiblement rien d’une colonie de vacances.
La suite
dans le prochain épisode...
Ps :
Merci à la jeune femme qui nous a abordé récemment sur la plage du pk 18 pour
nous féliciter pour le blog, beaucoup de baume au cœur qui nous encourage a
continuer de vous faire partager nos aventures.
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