Voilà,
après 4 jours de bateau nous étions à Ahe, atoll réputé mondialement pour sa perliculture.
Par l’intermédiaire d’une amie, nous avons été invité à passer autant de temps
que nous le souhaitions, nourris, logés, en échange d’un coup de main.
Il est
10h30 du matin quand au loin on voit un type aux airs de Corto Maltese arriver
en bateau à moteur. C’est Laurent, le chef de la ferme Kamoka, qui vient nous
chercher. Il ramène 2 plongeurs à l’aéroport, car oui il y a un aéroport à Ahe
et certes nous aurions pu venir en avion mais d’une part le billet à
23 000 fr l’aller (200 euros-pour 1h15 de vol) ne rentrait pas dans notre
budget et d’autre part, pour ceux qui nous connaissent un peu doivent connaitre notre goût insatiable pour l'aventure (c'est vrai aussi qu'on aime bien se compliquer la vie ;)
A
l’aéroport, il y a un petit bar (le seul de l’atoll) ou se réunissent 3 fois
par semaine (lors des arrivés et des départs) les habitants, se délectant
d’heineken bien fraiches, parlant business, politique et commérant sur les
absents. Fréquence radio cocotier, volume sonore maximal ;)
3 canettes
plus tard et les jambes en coton, nous embarquons à bord du bateau alias le camion . Une demi
heure de trajet et nous apercevons au loin la ferme qui va nous accueillir pour
2 mois.
Nous sommes reçus par Patrick (dit Paou) le patron des lieux, Thomas,
un stagiaire présent depuis 11 mois!, Alan l’américain, et Heiari, employé
depuis une dizaine d’années.
La team au complet à notre arrivée (Paou,Thomas,Alan,Anne, Sianna,Heiari,Laurent,Timmy,Nicho, moi et Astrid) |
Paou et les pitous! |
Ici avec Thomas (qui a filé trop vite!) et Sianna |
The team again avec les copaings de Paou |
Affamés et exténués, on ne se fait pas prier pour
grignoter un morceau et filer s’installer dans le bungalow « lune de
miel » avec vue sur le pacifique. De quoi nous mettre plein d’étoiles dans
les yeux sauf que sur place on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’électricité (juste
un néon qui fonctionne au solaire). Je fais le tour du bungalow et
stupéfaction : il n’y a ni douche ni toilette!
ballade sur le récif |
lever de soleil vu du deck |
Vue depuis notre deck |
Olive est dans son élément |
-Mais euh
on fait comment pour ses besoins?
- Faut
aller dans la brousse! les bernard l’hermite se chargeront du nettoyage!
-Ah ok et pour
la douche?
-La voilà!
Laurent nous montre l’énorme citerne d’eau qui trône à l’arrière du bungalow.
Ce sera avec un seau au robinet.
-Mais s’il
ne pleut pas et que la citerne se vide?
-Y’aura
qu’à d’aller dans l’océan c'est ça ou sentir la transpi!
Je suis pas
convaincu mais j’acquiesce de la tête d’un air inquiet.
La chaleur
dans le bungalow y est étouffante et les moustiques pullulent. Heureusement que notre pote le gecko était pour gober nos nuisibles :)
Bon de toutes façons on pas le choix, on se fait une raison: le séjour sera roots!
Bon de toutes façons on pas le choix, on se fait une raison: le séjour sera roots!
Premier
matin, debout 5h30, on tombe sur un énorme crabe de cocotier le long de la
route et on a constamment l’impression que le sol bouge sous nos pieds, ce sont
en fait les bernards l’hermite qui grouillent, revêtant toutes sortes de
coquilles.
Après 5 petites minutes de marche, on atteint le fameux pont. Son étroitesse, sa longueur et son instabilité par endroit en ont fait mon ennemi juré. Surtout lors des retours arrosés à la casa!
levé de soleil |
Au bout du pont cet écriteau qui résume l'état d'esprit ici:
6h 15 c’est
l’heure du petit dej, 7h on commence le boulot. Rénovation des bungalows, nettoyage,
découpage, assemblage des paniers à nacre et aide à la confection du pain et
préparation du repas.
Vue depuis notre lieu de travail, y'a pire c'est sûr!
Préparation du lait de coco |
Préparation du pain |
Ça c’est pour le
planning de ceux qui restent à la grande ferme. A quelques centaines de mètres,
se tient la petite ferme destinée au travail de la nacre.
L’équipe de plongeurs
partent dans le lagon récupérer les paniers d’huitres balisés par des pohitos
(bouées de repérage) qui sont ensuite rapportés à la petite ferme, remis à
l’eau pour un premier nettoyage par les poissons pendant une petite demi heure,
puis on procède au grattage (nettoyage de coquille)
puis elles sont placées dans un autre panier, remis de nouveau à l’eau pour un renettoyage par les poissons, puis calées (préouverture de la nacre) pour faciliter la tache du greffeur .
fallait s'accrocher pour l'odeur |
puis elles sont placées dans un autre panier, remis de nouveau à l’eau pour un renettoyage par les poissons, puis calées (préouverture de la nacre) pour faciliter la tache du greffeur .
La petite ferme |
Olive procède au calage des nacres |
Metalllllll (avec Alan) |
S’il s’agit de la première greffe, Timmy le greffeur découpe une partie du manteau (lèvre noire qui fera la couleur de la nacre) d’une nacre, env 2mm carré, puis incise la poche perlière et introduit le petit morceau du manteau avec un petit nucleus de 7mm( bille de coquille de nacre en provenance du Mississipi ou d’Australie).
expérience magique que de découvrir la perle entre ses doigts |
Les perles sont en effet le résultat de la production de nacre autour d’un corps étranger. Il s’agit d’un moyen de défense, mais elle peut aussi rejeter le nucleus.
Après cette
opération, les nacres sont remises à l’eau dans des paniers sur une ligne dans
le lagon pour une durée allant de 1 an à 14 mois.
et ouais! |
et la perle fût! |
Vient
ensuite la récolte. Le greffeur incise la poche perlière et récupère la perle
et selon la qualité de la perle, il peut procéder à une surgreffe (une nacre
peut subir jusqu’à 2 surgreffes, plus il y a de surgreffe, plus la perle sera
grosse).
Les huitres
malades ou celle qui n’auront simplement pas donné de perles sont remises à
l’eau ou jeter, auquel cas on récupère le pied de l’huitre, appelé korori, qui
se déguste marinés dans du citron,de l’ail et de l’huile d’olive, un délice!!!
Et on garde également précieusement les coquilles de nacre qui seront revendues principalement aux chinois qui en font des boutons, des bijoux ou encore des manches de couteaux.
Et on garde également précieusement les coquilles de nacre qui seront revendues principalement aux chinois qui en font des boutons, des bijoux ou encore des manches de couteaux.
La qualité
de la nacre dépend surtout de la précision de la greffe et de la qualité d’eau
des lagons, le moindre changement dans son environnement marin, l’apparition de
maladies ou encore les prédateurs tels que les petits crabes ou les raies
compromettent parfois plusieurs années de travail.
Sachant que
la perle de tahiti est la seule perle au monde qui sort de l’huitre perlière
prête à être portée, sans subir de traitement.
Après vient le tri des perles , job réservé aux yeux experts.
Après vient le tri des perles , job réservé aux yeux experts.
des perles plein les yeux! |
les voilà les plus belles! |
Nous n’en
dévoilerons pas plus, secret défense!
Mine de
rien, il s’agit d’un travail harassant car il faut compter avec la chaleur
(35C) et l’humidité constante.
Je peux
vous dire qu’à la fin d’une journée de travail, vers les 16h, tout le monde est
sur les rotules sauf Laurent et Heiari, employés à la ferme depuis plus d’une
décennie, pour qui c’est la routine.
relax après une bonne journée de boulot |
On se jette
à l’eau pour se rafraichir et observer la faune environnante du lagon qui s’active
autour de la patate de corail (monticule de corails sur laquelle est plantée la
ferme sur pilotis).
Fail : requin sous tes pieds Olive! |
Raie léopart furtive, bénitiers et étoile de mer |
En réalité la journée de travail n’est pas vraiment terminée car le lundi, mardi et mercredi, c’est jour de pêche. Dans les Tuamotu, le poisson est un aliment essentiel permettant à tous de manger à sa faim.
La pêche se
déroule soit dans le large (à l’extérieur du lagon), soit à la passe, ou à l’intérieur
même du lagon. La pêche au large s’avère plus trépidante car on est directement
dans le grand bleu avec ses profondeurs à en avoir le vertige mais les requins
qui y rodent sont plus impressionnants (notamment le requin gris qui peut
atteindre jusqu’à 6 mètres), on y croise également de magnifiques tortues de
mer.
Olive, fin prêt pour la pêche! |
Nous pratiquions la pêche au fusil appelé pui pui dans le jargon tahitien, le principe étant de viser le poisson dans la tête pour qu’il meurt sur le coup rendant sa fréquence de vibration nulle, donc indétectable par rapport aux requins. Si vous harponnez le poisson et qu’il se débat sur la flèche, c’est la ruée des requins voraces qui cherchent à croquer votre poisson blessé, vous volant votre flèche au passage. Et Si vous voulez sauver votre repas, il faut remonter le plus vite possible à la surface et pointer votre poisson hors de l’eau.
Les requins étaient notre principale source d’inquiétude, tournoyant inlassablement sous nos palmes, à l’affut d’une cible en détresse mais le plus flippant était lorsqu’ils disparaissaient de notre champ de vision. Bien qu’inoffensifs, ils n’en demeurent pas moins sournois, leur but étant de vous voler votre proie, qu’importe le moyen.
on se bouche le nez et on y va! |
Alan et son barracuda! |
quand le soleil se couche il est temps de déguerpir... |
Grâce à l’exceptionnelle
agilité des pêcheurs nous avons pu manger à notre faim tous les jours, le
poisson pêché en trop était troqué contre des légumes au village.
Et voilà le résultat!
Et voilà le résultat!
Poisson Napoléon de près! |
Hallucinant la dentition! |
De toute notre vie, nous n’avions jamais mangé de poissons aussi frais et aussi bon, tel que barracuda, napoléon, rouget, soldat armé, bonite, kito, tonou, baliste…
Un délice!!!! |
Le coucher
du soleil venu c’était l’heure de la détente. Nous passions généralement nos
soirées à refaire le monde autour d’un verre de mauvais vin (zumuva power!) sans parler des bringues
animées qui rythmaient nos fin de semaine.
C’est tout
pour cette fois, je vous reviens au plus vite avec la suite de nos aventures avec au programme : des fiestas, du tatouage, des méduses...
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