Il existe
dans les îles de la Polynésie Française une espèce particulière d’huitre
perlière : la pinctada margaritifera (ou huitre à lèvres noires). Sa nacre
est d’une qualité exceptionnelle et elle produit des perles parmi les plus belles
du monde.
Le
Pacifique sud et les atolls polynésiens s’ouvrirent aux premiers européens avec
Magellan en 1521. Les journaux de bords et les récits marins de l’époque
relatent la beauté magique des paysages, un accueil chaleureux des
tahitiens mais aussi une certaine fièvre pour les richesses qu’on y découvrait.
La nacre et
la perle furent rapidement au centre des préoccupations européennes. Ainsi les
Tuamotu devinrent « les îles aux perles » dont le lagon de Ahe qui
demeure un des hauts lieux de la perliculture en Polynésie. Un lagon ni trop
grand ni trop profond avec de nombreux rochers où s’accrocher, de l’eau salée
non acide, une température d’eau confortable, beaucoup d’oxygène, de quoi se
nourrir, voilà la recette parfaite pour la fabrication de la perle.
Jusqu’en
1950 env, les lagons furent ratissés par les commerçants et les trafiquants à
la recherche de la nacre, l’or noir des atolls. Mais avec l’invention des
matériaux issus du pétrole, la nacre tomba en désuétude. La grande époque de
la nacre s’éteignit en même temps que naissait l’ère de la perle ainsi que le
tourisme. Depuis 2003, la perle de Tahiti traverse une crise, fortement liée au
contexte international, tout comme le tourisme qui ne cesse de décroitre
d’année en année.
Je ferme la
parenthèse historique pour en revenir à la vie à la ferme.
Nous avons
dû apprendre à gérer l’eau et l’électricité. La ferme et les bungalows étaient
équipés de grosses citernes qui nous permettaient d’avoir de l’eau douce pour
boire et se laver. La vaisselle se faisait à l’eau de mer, rinçage obligatoire
à l’eau douce pour éviter la rouille.
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chasse d'eau manuelle (ça fait les bras!) |
Quant à l’électricité, elle était générée
uniquement par des panneaux solaires, donc si pas de soleil pas d’électricité.
Le frigo pouvait tomber en rade 2 jours d affilés et le soir tous les
branchements superflus étaient bannis.
Si je vous dit : épreuves par équipes, rationnement des denrées alimentaires, environnement hostile, confort sommaire, chicanes, réconciliations... vous pensez à quoi?
Ha ha ha et dans le rôle de Denis Brogniard : Pa'U bien sûr!
L’air salin
était impitoyable pour les appareils électronique et divisait leur durée de vie
en deux, le sel bouffant tout! des tongs aux vêtements. L’humidité constante
s’occupait de pourrir les vêtements restés trop longtemps en boule et était
aussi dangereuse pour la guérison des plaies. Et dieu sait qu’on s’en ait fait
des bobos, les plaies ne se refermant pas, il fallait constamment se
désinfecter au citron et dans les cas de gros bobos, c’est cure d’antibiotiques
pour éviter l’infection.
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Scratch sur le reef! |
La chaleur,
le soleil et les moustiques étaient nos ennemis quotidiens mais les véritables
dangers venaient surtout de la mer.
Lors des
parties de pêche, les courants pouvaient nous déporter de plusieurs dizaines de
mètres en quelques secondes.
Et sous
l’eau un vivier de bestioles tels que murènes, oursins, poissons pierres et
méduses!
Quand nous n'allions pas à la pêche, après le
boulot, nous avions pour habitude de relaxer, lecture et cueillette de cocos au programme.
Mais notre passe temps favori était sans conteste la nage et la plongée autour de la ferme.
Le
paysage sous marins nous révélait alors ses plus belles facettes mais m’a aussi
réserver une surprise de taille!
Alors que
je nageais tranquillement j’ai été soudainement secoué. Une violente
électrocution s’est emparé de tout mon corps me paralysant complètement. Au
début, j’ai cru avoir touché un fil électrique. Je me suis mise à hurler tout en réalisant que j'avais des filaments bleus collés sur tout
le corps. Les autres me regardaient depuis le ponton, stupéfaits, pensant que j’avais dû
marcher sur un oursin. Je réalise qu’ils ne peuvent pas venir me secourir dans
l’immédiat (la ferme étant poser sur un énorme caillou de coraux, il n’est pas
possible de sauter dans l’eau de ce côté-là car pas assez de profondeur) et que
je suis en train de me noyer.
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La patate de coraux sur laquelle se tenait la ferme |
Mon
instinct de survie l’emporte et je nage comme une folle jusque de l’autre côté
et remonte l’échelle en criant de douleur. Arrivée sur le ponton je m’effondre
et là je reçois une vive douleur en bas du dos. Comme si j’avais la colonne
brisée. Personne ne comprend pourquoi j’hurle de douleur par rapport à mon dos
puisque qu’il n’y a pas de piqûre à cet endroit. Je me dis que j’ai du me
déplacer une vertèbre dû à la soudaine contraction de mon corps. Mais en
réalité il s’agissait du poison qui commençait son effet de paralysie. Je me
vois en train de clamser, je n’arrive plus à respirer.
La physalie
tue en effet ses proies par électrocution y injecte son poison par ses
filaments collants qui se chargent d’attaquer les organes vitaux dont la moelle
épinière. La douleur intense a duré une vingtaine de minutes puis j’ai ressenti de vives brûlures
sur et dans tout le corps. Je criais qu'il fallait m’emmener à l’hôpital mais à Ahe il y a juste une infirmière au village et j'étais dans un tel état que ça aurait été trop compliqué de m'installer dans le bateau (sans parler du trajet).
Cette sensation de brûlure a
duré 7h, le temps que le poison se dilue.
J'ai pas vu ma vie défiler mais j'ai réellement cru que ma dernière heure était arrivée! si j'avais été piquée plus loin j'y serais resté, comme quoi la vie tient parfois qu'à un filament...
Vers 23h,
les douleurs s’amenuisent. Je passe une sale nuit car par endroit la méduse
s’est acharnée et m’a injecté de puissantes doses de poison, me laissant de
vilaines marques noires qui restent un peu douloureuses mais je suis sur pied et
c’est le principal.
Merci aux collègues qui ont fait ce qu’ils ont pu pour me soigner et
qui ont pris soin de moi avec bienveillance.
Bon, il valait mieux que je me remette et vite
car c’était l’anniversaire d’Olive et j’allais pas rester couché comme une
infirme alors que la fête allait battre son plein à la ferme!
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La fine équipe! |
Le
lendemain, c’est fiu dans le bungalow mais on ne tient pas longtemps tellement la chaleur y est étouffante, alors on file ronquer à la ferme, la bas au moins il y a de l'air!
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sublime ptilope des Tuamotu
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Nous ne
sommes pas beaucoup sortis de notre îlot mais nous avons quand même fait une
expédition au sud de l’île pour snorkeler et explorer quelques coins idylliques.
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Poisson de la famille de la rascasse, attention ça pique! |
Nous avons
fait également quelques virées au village. Il est minuscule avec sa rue
piétonne centrale et ses lampadaires solaires, son échoppe à gourmandises, et
son église et son magasin principal.
Les
habitants se déplacent à tricycle avec une petite benne à l’arrière, très
pratique pour transporter les commissions ou les enfants.
Ce jour là,
une équipe est partie à la pêche, l’autre a relaxé toute la journée sur la
magnifique plage de sable blanc.
On est
reparti dans la nuit, faisant confiance au capitaine qui cherche ses repères
par rapport aux étoiles.
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Pas question d'aller se coucher en rentrant! |
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Olive vainqueur par ko! :) |
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Bain de minuit |
Le jeudi
était le jour des réapprovisionnements. On se rendait alors au village pour
récupérer les commandes qui arrivaient par cargo.
Pour notre ferme, c’était
souvent les mêmes aliments de base : riz, pâte, sauce tomate,
oignons, ail, patates (et quelques autres légumes suivant arrivage) lentilles,
café, champignons, beurre, huile, sucre, œufs et confitures. La plupart de ces
aliments étant classés PPN (produits de première nécessité) avec des prix abordables.
Il a fallu
très vite oublier le fromage, la charcuterie, la viande, la crème, le chocolat…
bref tous les petits plaisirs gustatifs de la vie!
Certes, il y avait bien un
petit magasin près de la ferme qui proposait un petit choix d’aliments non périssables
mais on y laissait notre porte flouse à chaque fois! On s’y rend en bateau, on
enlève ses tongs à l’entrée et on rentre par groupe de 3-4 max. Attention les
prix, ça pique!
Ex : 1
pot de faux nutella (6€), paquet de gâteaux(4€), paquet de chips(6€), 1,5l de coca(6€), 1 paquet
miels pops(7€) et je vous garde le meilleur pour la fin : 1l de rouge en
brique(12€) et 6 bières(18€)
Au village
nous avons rencontré un personnage. Il s’agit de King Kong le tatoueur. Suite à
cette rencontre nous avons décidé de nous faire tatouer.
Le tatoueur avait confectionné un dessin unique pour Olive quant à moi je lui ai suggéré des idées et il a laissé libre court à son imagination :)
Celui-ci a passé 4
jours non stop à la ferme à tatouer quasiment toute l'équipe!
Et voilà le
résultat!
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6h de job! Tiki et hameçon en peway |
sur le devant une tortue (un peu lente comme moi et c'est le seul animal qui mange les méduses hihihi) 3h de job!
et à l'arrière : liane polynésienne
sur les côtés : 2 tikis
Malgré un
confort sommaire, le manque de technologies, d’informations (on aurait pu être
en pleine 3eme guerre mondiale, qu’on en n'aurait rien su) et des nouvelles de nos
proches (la connexion internet via une clé, ne nous fournissait pas plus que du
5k, pour ceux qui se rappellent les modems 56k c’est du haut débit à côté),
nous avons passé un séjour inoubliable, en dehors du temps et de la
civilisation.
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Nous revoilà à bord du bateau pour le départ |
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Tchao Laurent! |
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Good bye Ahe |
Ce décor
exceptionnel nous manque déjà, magnifié par le spectacle quotidien que nous
offraient les requins.
Et bien
sûr, toute l’équipe de la ferme!
Bien entendu nous sommes repartis avec quelques belles perles!
Pour terminer cet article en beauté, voici la vidéo de notre aventure à Ahe (made by Olive). Enjoy!!!! (cliquez sur le lien)Kamoka, 2 mois sur une autre planète!