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jeudi 31 juillet 2014

île était une fois...le retour à la civilisation

Voilà après 2 mois passés à Ahe, il était temps pour nous de rembarquer à bord du cargo, direction Papeete. A bord, on retrouve vite nos repères, les marins sont tous là et cette fois nous avons droit aux grands sourires et chacun y va de son petit questionnaire.

La plupart nous trouve amaigris bien que pour ma part j'ai encore pas mal de marge et certains s'étonnent de mes blessures de méduse qui étaient encore très apparentes. Olive se fait alpaguer :"Hey la comme ça tu maltraites ta femme, dis, si t'en veux plus, nous on en veut bien!"

Trêve d'humour de marin, nous sommes donc de nouveau à bord et partagés entre la joie de retrouver la civilisation et la nostalgie de quitter ce magnifique et mystérieux atoll.
good bye Kamoka

Comme nous sommes dimanche, nous avons droit au ma'a traditionnel tahitien avec poisson cru lait de coco, taro, patates douces et le fameux fafaru c'est à dire du poisson cru faisandé. Aux premiers abords on a cru que c'était du sashimi de thon rouge, alors on s'est servi une bonne rasade. Les marins nous regardent en gloussant. Jusque là rien d'anormal mais c'est en approchant la fourchette à notre nez que nous avons eu comme un début de nausée, comprenant alors que c'était en réalité du fafaru, Olive s'est dégonflé et m'a refilé sa part, mais grâce à une technique de respiration, j'ai pu, non sans mal, finir ma platrée. 

Une fois n'est pas coutume, c'est repus comme des moines que nous titubons jusqu'à la tente pour une bonne sieste en attendant la prochaine escale.

Un bref arrêt à Takaroa, où nous ne pouvons descendre :( et le cargo remet les gaz pour Takapoto.
Cet atoll dépourvu de passe nécessite qu'on emprunte à nouveau une barge, nous permettant d'accoster au village.
 
Mesurant environ 16 km de long, le lagon protégé de Takapoto abrite de nombreuses fermes perlières ainsi que de sublimes plages de sable blanc. Ici le dépaysement est total. On a l'impression que tout le monde vit au ralenti, les habitants nous sourient, il souffle un petit vent chaud et salé, les odeurs de fleurs de tiarés nous chatouillent le nez et la beauté du lagon nous laisse sans voix.
Comme d'habitude nous trainons la savate comme ici au petit snack du village de Fakatopatere.
Petite sieste pour Olive dans les soutes

La nuit est paisible, du moins pour nous car dehors il tombe des cordes et les voyageurs qui dorment sur le pont à la belle étoile doivent s'entasser dans les soutes.

Au petit matin nous découvrons Apataki , cet atoll (comme la plupart de ceux des Tuamotu) vit principalement de la perle, du tourisme, de la pêche mais aussi de la culture du copra. 
Ce travail consiste à éplucher les noix de cocos arrivées à maturité puis à décoler la chair de coco et la laisser sécher au soleil jusqu'à la disparition quasi totale de sa teneur en eau. Les sacs de copra sont acheminés par cargo à Papeete où se trouve l'huilerie de Tahiti.
 Il sera pressé pour la fabrication de l'huile de coco, utilisé d'une part dans l'alimentaire et d'autre part dans les cosmétiques comme par exemple pour la confection du monoi (souvent associé avec l'huile de tiaré)

Travail du copra




Itata'e, l'oiseau blanc de Tahiti
A peine le temps de faire le tour du village qu'il faut déjà repartir pour d'autres contrées.
Dans notre sillage, on découvre des îlots déserts et on se prend à rêver d'une vie de robinson à vivre de pêche, d'eau de pluie et d'amour bien sûr :)


Après quelques heures de navigation nous découvrons au loin Arutua, commence alors les allers-retours des barges qui chargent et déchargent les précieuses denrées.

 
Alors que nous étions en train d'admirer le travail des marins et de rire de leurs petites manies à se taquiner entre eux (chambrer serait le mot exact ;), nous apercevons un puis deux puis toute une famille de dauphins. Ce jour là, nous avons été témoin d'un fascinant ballet de dauphins qui nous ont offert des petits sauts et même des pirouettes pendant de longues minutes passant d'un côté et de l'autre du cargo.

Après une ultime nuit à bord, nous atteignons les abords de Kaukura, puis de Makatea, signe que notre destination approche à grandes vagues.
 Olive va pouvoir se remplumer!

L'approche de Tahiti est interminable, nous sommes impatients de retrouver les copains mais aussi les étalages des supermarchés!


Ptite bringue de retour à la coloc



Bon je dois vous avouer que notre enthousiasme a été de courte durée car certes nous avons revus les copains avec plein d’histoires à leurs raconter, certes nous avons rempli nos paniers de mets que nos papilles avaient oublié, mais au bout de quelques jours le retour à la civilisation que nous attendions tant s'est vite apparenté à un retour à l'incivilisation.

La suite au prochain épisode avec notamment notre aménagement à Papara et une mauvaise rencontre, notre escapade avec les copains à Tetiaroa, le festival du Heiva et tout et tout!

Maururu encore pour votre intérêt, votre curiosité et votre soutien :)




jeudi 10 juillet 2014

Île était une fois... du fun et des méduses



Il existe dans les îles de la Polynésie Française une espèce particulière d’huitre perlière : la pinctada margaritifera (ou huitre à lèvres noires). Sa nacre est d’une qualité exceptionnelle et elle produit des perles parmi les plus belles du monde.

Le Pacifique sud et les atolls polynésiens s’ouvrirent aux premiers européens avec Magellan en 1521. Les journaux de bords et les récits marins de l’époque relatent la beauté magique des paysages, un accueil chaleureux des tahitiens mais aussi une certaine fièvre pour les richesses qu’on y découvrait.

La nacre et la perle furent rapidement au centre des préoccupations européennes. Ainsi les Tuamotu devinrent « les îles aux perles » dont le lagon de Ahe qui demeure un des hauts lieux de la perliculture en Polynésie. Un lagon ni trop grand ni trop profond avec de nombreux rochers où s’accrocher, de l’eau salée non acide, une température d’eau confortable, beaucoup d’oxygène, de quoi se nourrir, voilà la recette parfaite pour la fabrication de la perle.

Jusqu’en 1950 env, les lagons furent ratissés par les commerçants et les trafiquants à la recherche de la nacre, l’or noir des atolls. Mais avec l’invention des matériaux issus du pétrole, la nacre tomba en désuétude. La grande époque de la nacre s’éteignit en même temps que naissait l’ère de la perle ainsi que le tourisme. Depuis 2003, la perle de Tahiti traverse une crise, fortement liée au contexte international, tout comme le tourisme qui ne cesse de décroitre d’année en année.


Je ferme la parenthèse historique pour en revenir à la vie à la ferme.


Nous avons dû apprendre à gérer l’eau et l’électricité. La ferme et les bungalows étaient équipés de grosses citernes qui nous permettaient d’avoir de l’eau douce pour boire et se laver. La vaisselle se faisait à l’eau de mer, rinçage obligatoire à l’eau douce pour éviter la rouille.
chasse d'eau manuelle (ça fait les bras!)
  Quant à l’électricité, elle était générée uniquement par des panneaux solaires, donc si pas de soleil pas d’électricité. Le frigo pouvait tomber en rade 2 jours d affilés et le soir tous les branchements superflus étaient bannis. 
Si je vous dit : épreuves par équipes, rationnement des denrées alimentaires, environnement hostile, confort sommaire, chicanes, réconciliations... vous pensez à quoi?
Ha ha ha et dans le rôle de Denis Brogniard : Pa'U bien sûr!

L’air salin était impitoyable pour les appareils électronique et divisait leur durée de vie en deux, le sel bouffant tout! des tongs aux vêtements. L’humidité constante s’occupait de pourrir les vêtements restés trop longtemps en boule et était aussi dangereuse pour la guérison des plaies. Et dieu sait qu’on s’en ait fait des bobos, les plaies ne se refermant pas, il fallait constamment se désinfecter au citron et dans les cas de gros bobos, c’est cure d’antibiotiques pour éviter l’infection.
Scratch sur le reef!

La chaleur, le soleil et les moustiques étaient nos ennemis quotidiens mais les véritables dangers venaient surtout de la mer.

Lors des parties de pêche, les courants pouvaient nous déporter de plusieurs dizaines de mètres en quelques secondes.


Et sous l’eau un vivier de bestioles tels que murènes, oursins, poissons pierres et méduses!


Quand nous n'allions pas à la pêche, après le boulot, nous avions pour habitude de relaxer, lecture et cueillette de cocos au programme.




Mais notre passe temps favori était sans conteste la nage et la plongée autour de la ferme.

 
Le paysage sous marins nous révélait alors ses plus belles facettes mais m’a aussi réserver une surprise de taille!

Alors que je nageais tranquillement j’ai été soudainement secoué. Une violente électrocution s’est emparé de tout mon corps me paralysant complètement. Au début, j’ai cru avoir touché un fil électrique. Je me suis mise à hurler tout en réalisant que j'avais des filaments bleus collés sur tout le corps. Les autres me regardaient depuis le ponton, stupéfaits, pensant que j’avais dû marcher sur un oursin. Je réalise qu’ils ne peuvent pas venir me secourir dans l’immédiat (la ferme étant poser sur un énorme caillou de coraux, il n’est pas possible de sauter dans l’eau de ce côté-là car pas assez de profondeur) et que je suis en train de me noyer.
La patate de coraux sur laquelle se tenait la ferme




Mon instinct de survie l’emporte et je nage comme une folle jusque de l’autre côté et remonte l’échelle en criant de douleur. Arrivée sur le ponton je m’effondre et là je reçois une vive douleur en bas du dos. Comme si j’avais la colonne brisée. Personne ne comprend pourquoi j’hurle de douleur par rapport à mon dos puisque qu’il n’y a pas de piqûre à cet endroit. Je me dis que j’ai du me déplacer une vertèbre dû à la soudaine contraction de mon corps. Mais en réalité il s’agissait du poison qui commençait son effet de paralysie. Je me vois en train de clamser, je n’arrive plus à respirer.

La physalie tue en effet ses proies par électrocution y injecte son poison par ses filaments collants qui se chargent d’attaquer les organes vitaux dont la moelle épinière. La douleur intense a duré une vingtaine de minutes puis j’ai ressenti de vives brûlures sur et dans tout le corps. Je criais qu'il fallait m’emmener à l’hôpital mais à Ahe il y a juste une infirmière au village et j'étais dans un tel état que ça aurait été trop compliqué de m'installer dans le bateau (sans parler du trajet).

Cette sensation de brûlure a duré 7h, le temps que le poison se dilue.
J'ai pas vu ma vie défiler mais j'ai réellement cru que ma dernière heure était arrivée! si j'avais été piquée plus loin j'y serais resté, comme quoi la vie tient parfois qu'à un filament...


Vers 23h, les douleurs s’amenuisent. Je passe une sale nuit car par endroit la méduse s’est acharnée et m’a injecté de puissantes doses de poison, me laissant de vilaines marques noires qui restent un peu douloureuses mais je suis sur pied et c’est le principal.


Merci aux collègues qui ont fait ce qu’ils ont pu pour me soigner et qui ont pris soin de moi avec bienveillance.
Bon, il valait mieux que je me remette et vite car c’était l’anniversaire d’Olive et j’allais pas rester couché comme une infirme alors que la fête allait battre son plein à la ferme!

 

 






La fine équipe!


Le lendemain, c’est fiu dans le bungalow mais on ne tient pas longtemps tellement la chaleur y est étouffante, alors on file ronquer à la ferme, la bas au moins il y a de l'air!


 
sublime ptilope des Tuamotu

Nous ne sommes pas beaucoup sortis de notre îlot mais nous avons quand même fait une expédition au sud de l’île pour snorkeler et explorer quelques coins idylliques.
Poisson de la famille de la rascasse, attention ça pique!



Nous avons fait également quelques virées au village. Il est minuscule avec sa rue piétonne centrale et ses lampadaires solaires, son échoppe à gourmandises, et son église et son magasin principal. 

Les habitants se déplacent à tricycle avec une petite benne à l’arrière, très pratique pour transporter les commissions ou les enfants.

Ce jour là, une équipe est partie à la pêche, l’autre a relaxé toute la journée sur la magnifique plage de sable blanc. 




 








On est reparti dans la nuit, faisant confiance au capitaine qui cherche ses repères par rapport aux étoiles.
Pas question d'aller se coucher en rentrant!

Olive vainqueur par ko! :)


Bain de minuit

Le jeudi était le jour des réapprovisionnements. On se rendait alors au village pour récupérer les commandes qui arrivaient par cargo.


Pour notre ferme, c’était souvent les mêmes aliments de base : riz, pâte, sauce tomate, oignons, ail, patates (et quelques autres légumes suivant arrivage) lentilles, café, champignons, beurre, huile, sucre, œufs et confitures. La plupart de ces aliments étant classés PPN (produits de première nécessité) avec des prix abordables.

Il a fallu très vite oublier le fromage, la charcuterie, la viande, la crème, le chocolat… bref tous les petits plaisirs gustatifs de la vie! 


Certes, il y avait bien un petit magasin près de la ferme qui proposait un petit choix d’aliments non périssables mais on y laissait notre porte flouse à chaque fois! On s’y rend en bateau, on enlève ses tongs à l’entrée et on rentre par groupe de 3-4 max. Attention les prix, ça pique! 

Ex : 1 pot de faux nutella (6€), paquet de gâteaux(4€), paquet de chips(6€), 1,5l de coca(6€), 1 paquet miels pops(7€) et je vous garde le meilleur pour la fin : 1l de rouge en brique(12€) et 6 bières(18€)



Au village nous avons rencontré un personnage. Il s’agit de King Kong le tatoueur. Suite à cette rencontre nous avons décidé de nous faire tatouer. 
Le tatoueur avait confectionné un dessin unique pour Olive quant à moi je lui ai suggéré des idées et il a laissé libre court à son imagination :) 
Celui-ci a passé 4 jours non stop à la ferme à tatouer quasiment toute l'équipe!

 


Et voilà le résultat!
6h de job! Tiki et hameçon en peway
 sur le devant une tortue (un peu lente comme moi et c'est le seul animal qui mange les méduses hihihi) 3h de job!
et à l'arrière : liane polynésienne
 sur les côtés : 2 tikis


Malgré un confort sommaire, le manque de technologies, d’informations (on aurait pu être en pleine 3eme guerre mondiale, qu’on en n'aurait rien su) et des nouvelles de nos proches (la connexion internet via une clé, ne nous fournissait pas plus que du 5k, pour ceux qui se rappellent les modems 56k c’est du haut débit à côté), nous avons passé un séjour inoubliable, en dehors du temps et de la civilisation. 
Nous revoilà à bord du bateau pour le départ
Tchao Laurent!
Good bye Ahe


Ce décor exceptionnel nous manque déjà, magnifié par le spectacle quotidien que nous offraient les requins.


Et bien sûr, toute l’équipe de la ferme! 
Bien entendu nous sommes repartis avec quelques belles perles!


 Pour terminer cet article en beauté, voici la vidéo de notre aventure à Ahe (made by Olive). Enjoy!!!! (cliquez sur le lien)Kamoka, 2 mois sur une autre planète!